Ce que j’ai appris en deux ans d ‘école à la maison

Et voilà, on y est, cela fait bientôt deux ans que nous faisons l’école à la maison. Depuis ce jour de mars 2016 , et peu importe nos difficultés, je n’ai jamais regretté mon choix.

J’étais excitée d’emmener deux enfants de maternelle vers ce chemin, inquiète de savoir si j’allais être à la hauteur en CP , stressée de ne pas savoir comment faire pour donner envie d’apprendre à mon Adam, inquiète du regard des autres sur ma tribu à la maison, et perdue au milieu de ce que je devais faire pour aider au mieux mes enfants sur le chemin de la connaissance.

Je me posais mille questions, mille interrogations, et je me suis bien souvent trompée de chemin. Il faut une sacré dose de courage et d’amour, pour ne pas “craquer” devant le premier refus d’apprendre et surtout les suivants de ses enfants.

De gérer les crises, ou les besoins de “off”, pour essayer d’accompagner dans les apprentissages deux, puis trois enfants si différents…

Canaliser, leurs envies, leurs énergies, les humeurs ou les émotions quand la soif d’apprendre est là sur un sujet, ou quand l’envie de jouer est plus forte.

Faire l’école à la maison, c’est facile ?

L’instruction en famille ou l’école à la maison, peu importe le terme, n’est pas aussi “facile” que l’on pourrait le croire, ou comme je l’entends si souvent.

Il ne s’agit pas d’ouvrir un livre et “apprendre” à l’enfant.

Oh non …

Ce serait trop facile sinon !

On ne joue pas à la maîtresse, on ne fait pas “l’école” comme à l’école. Sinon, on se trompe de chemin, ou d’orientation.

J’ai dû, beaucoup lire, beaucoup m’informer, apprendre aussi sur la didactique, les pédagogies qui pouvaient aider mon DYS à rentrer dans le langage, la lecture et bientôt l’écriture.

Et même si on fait des choix pédagogiques, comme pour nous d’associer des supports, des apprentissages qui viennent compléter nos CPC , on continue quand même de marcher sur une ligne d’apprentissages appelée “socle commun”.

Et croyez-moi, c’est souvent illogique, fantasmagorique, et inutile, et ce n’est pas du tout facile !

L’école à la maison, et maison

Il faut trouver son équilibre entre la maison, et apprendre à la maison à deux/trois enfants.

Au début, je me suis fixée des objectifs trop importants, de “tout gérer”. Je pensais qu’il “fallait”, que je “devais”, que j’étais “obligé de”

Mais la vie m’a rappelé que cela n’était pas possible.

Qu’il fallait que j’accepte la bazar ici ou là.

Que la priorité n’était pas d’avoir un salon bien rangé, une cuisine qui brille, mais l’instruction que je donnais à mes enfants, dans un cadre de confiance, de patience, et de liberté.

J’ai installé une routine, faute de pouvoir dire “planning”, j’ai tâtonné et enfin trouvé ce qui NOUS allait bien.

Faire l’école à la maison, ou l’école DANS la maison?

J’ai installé un coin instruction DANS mon salon, mis au mur un tableau noir, quelques étagères, des affiches et des dessins.

Je n’ai pas voulu recréer l’école dans ma maison, mais juste qu’ils aient un endroit pour nos apprentissages “formels”, ou nos activités créatives.

Un endroit où poser notre matériel, nos créations qui sèchent, où bricoler où jouer à un jeu ne soit pas synonyme de “rangement” immédiat.

Bien souvent notre instruction commence sur la table de cuisine, dans le jardin, sur le canapé, dans leur chambre ou lors de nos sorties.

En vrai, notre école, c’est la maison, mais pas la maison avec ses murs, et son toit. C’est notre maison intérieure, extérieure et celle que nous avons dans le coeur.

En deux ans j’ai appris:

  • J’ai appris que ce qui marche pour l’un, ne fonctionne pas pour l’autre.
  • Que j’allais apprendre autant qu’eux, surtout en sciences.
  • Qu’il faut se faire confiance, et avoir confiance en eux. Parce qu’eux, ils ont confiance en nous!
  • Qu’il ne faut surtout pas se comparer ou comparer son instruction aux autres. Il n’y a pas deux modèles identiques. Se comparer aux autres, c’est couper ses propres ailes et mettre en danger son instruction par manque de confiance.
  • Qu’il est inutile d’acheter tout et n’importe quoi, d’être “influencé”. Je vais maintenant en magasin pour voir le support, avant de cliquer sur “valider le panier”.
  • Que l’école à la maison a un coût … et oui contrairement aux croyances, l’école à la maison, coûte cher. Mais il y a des astuces pour limiter ces coûts.
  • Qu’il faut laisser des jours “off” , car c’est essentiel pour apprendre mieux. Se braquer ne sert à rien, quand l’enfant ne veut pas.
  • Le regard des autres n’a aucune importance. Il y aura toujours des personnes pour trouver que l’on fait mal, ou que l’école c’est mieux.
  • Avoir de la souplesse et surtout une grande patience.
  • Avoir surtout SURTOUT beaucoup de patience… et ça, c’est un immense défi !

Et encore tellement d’autres choses, que j’oublie ou que je garde dans un coin …

Deux ans d’instruction, c’est beaucoup et tellement peu.

Je me retourne et je vois leurs immenses progrès avec fierté. Il y a deux ans, Mes deux garçons, sortaient de quelques mois d’école, où la violence, l’exclusion, et l’ignorance avaient frappé à leur porte. Je me souviens encore de la maîtresse me dire, qu’elle avait mis Arthur sur une chaise à part, pour éviter qu’il perturbe les regroupements. Alors qu’il avait juste besoin qu’on lui “explique” ce que c’était et pourquoi il fallait se regrouper. Ce que sa coach de basket a fait, sans soucis. Prendre le temps…

J’ai dû gérer, l’envie de “faire” qui n’était plus là. Il fallait jongler, imaginer, créer des supports pour les inviter à reprendre goût au “travail” ou “formel”.

Et demain?

Pour nos apprentissages futurs, je relève mes manches en souriant, pour que les deux prochaines années d’école à la maison, soient encore plus douces, et nous apportent encore beaucoup.

Je regarde devant nous, ces montagnes encore à franchir, mais elle ne me font plus peur. Au contraire, elles m’invitent à avancer, en prenant par la main mes enfants.

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6 commentaires
  1. Coralie dit

    Merci Céline pour ton article! Je te suis sur IG, et le post que tu as mis m’a donné envie de lire, évidemment.

    Les interrogations et remises en question font partie de mon quotidien. Je me demande en permanence comment faire pour que Lilas ait envie d’apprendre (mais la plupart du temps elle veut juste jouer!). Je prends ses refus directement en pleine figure, et me dis parfois qu’elle n’est peut-être pas épanouie comme je le pense à la maison, que l’ecole pourrait lui convenir… Bizarrement, au fond de moi je pense que l’IEF lui correspond et c’est ça qui nous a fait nous décider.
    J’ai juste du mal avec le fait qu’elle ne veuille pas « travailler », malgré les supports variés. Les contrôles m’angoissent aussi, bien sûr…

    Avoir un avis extérieur est toujours rassurant, parce que pour moi l’IEF c’est une forme de communauté, dans laquelle on apprécie de ne pas se sentir seul(e) 🙂

    1. Céline dit

      Bonjour Coralie ton témoignage c’est mon Adam. Pas de formel, pas de stress, pas d’obligation, pas de travail, etc QUE DU JEU!
      mais par le jeu, on apprend. Ce matin, il a dessiné, il a écrit son prénom, il a fait des formes avec le tangram, et il connaît toutes les formes géométriques par le jeu. Je crois que compter et arriver jusqu’à 10 ne s’est pas fait sans comptine. Il refuse d’écrire les chiffres, sauf sur son cahier de jeux de maths alias la méthode singapour versus Montessori colorée et fun. Du coup elle passe comme une lettre à la poste. C’est dur de voir nos électrons libres, faire autrement. Mais imaginons les une seconde à l’école avec le mal être qu’ils pourraient avoir, et leurs mouvements de petits électrons maintenus dans une boite. C’est ce que je me dis en regardant Adam. Pour l’instant je suis convaincue de faire le nécessaire pour lui, de le préparer à l’après. Si j’ai un seul conseil, c’est simplement de t’écouter. Tu sais, ce qui est bon pour ta fille, parce que nulle autre que toi, ne pourras la connaître autant. Combien d’enfants brisés et formatés… ne perds pas courage, tu verras, elle apprend à son rythme même en jouant…

      1. Coralie dit

        Merci pour ta réponse, ça me réchauffe le cœur!

        Tant de personnes me disent qu’elle devrait aller à l’ecole, mais seuls son père et moi la connaissons vraiment et je me dis qu’on fait de notre mieux pour elle.
        Puis si elle privilégie les Playmobil ou les jeux pendant des heures avec ses poupées, ce n’est pas forcément au détriment du reste, c’est complémentaire.
        Je pense comme toi pour ces enfants qui sont à l’école et qui y sont malheureux…Au moins, j’aurais pris en compte les besoins et la personnalité de Lilas, et pour le reste, on verra!

  2. À dada et au dodo ! dit

    Deux d’ief ici aussi et je tire à peu près le même bilan.
    Ce qui m’a paru le plus difficile a été de trouver la routine qui correspondait aux enfants tout en me permettant d’entretenir la maison (car finalement on y passe beaucoup de temps mais on n’est pas vraiment disponible pour elle)…
    J’étais impressionnée par ce qu’il fallait enseigner aux enfants, mais en regardant en arrière je me dis que on a bien avancé (et je suis chanceuse, cela s’est fait assez naturellement).
    Moi aussi je regarde les montagnes qu’il nous reste à gravir avec envie ! Car finalement on apprend autant qu’eux dans cette aventure !

    1. Céline dit

      oui je me souviens de tes débuts aussi, et je trouve que c’est motivant de se dire que l’on pas seule à vivre au quotidien “notre quotidien”. on tâtonne, on apprend et on réalise. Pour moi rien de plus beau! Merci pour ton commentaire.

  3. Emilie dit

    Bonsoir,
    Quand je lis ton article je me retrouve tellement dans le bilan de ma première année d’IEF avec ma fille. Je compte surement me lancer avec mes deux plus grands et même si j’ai peur, je suis beaucoup plus confiante que ce que j’aurais pu l’être en septembre dernier.

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